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Petite nouveauté, LTDPSG & PSG.FR retrouveront chaque mois un ancien coach passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction la Bretagne, où il profite de sa retraite, pour prendre des nouvelles de Patrick Liewig, qui revient sur ses années parisiennes avec en point d’orgue la finale de la Coupe Gambardella disputée en 1998 !
SON ARRIVÉE AU PARIS SAINT-GERMAIN
« Lorsque j’étais joueur à Malakoff, j’encadrais les enfants de l’école de football au sein du club. En parallèle, j’étais enseignant à la FAC. Puis j’ai signé à Antony, mon club d’origine, où j’étais entraîneur-joueur. J’ai eu le même rôle par la suite à Palaiseau, où j’ai obtenu mes tous premiers diplômes d’entraîneur. Décidé à me perfectionner dans ce domaine, j’ai effectué une immersion à Clairefontaine en juin 1989 pour observer les entraînements. Pour des raisons personnelles, j’ai ensuite dû me rendre en Bretagne. À Guingamp, j’ai échangé avec Erick Mombaerts, connu à Clairefontaine, qui m’a permis de continuer à me former tout en observant sa préparation d’avant-saison auprès de l’effectif évoluant en Division 2. Il venait de prendre les commandes de cette équipe après avoir œuvré au PSG. Il m’a alors informé que Marc Collat, avec qui j’avais joué à Malakoff, avait été nommé en tant que responsable des jeunes à Paris et qu’il recherchait un entraîneur pour les cadets nationaux. Ni une ni deux, je l’ai contacté et c’est ainsi que je me suis retrouvé en stage à Soulac-sur-Mer avec un groupe d’une vingtaine de joueurs. À notre retour, j’ai fait la connaissance du Président Borelli avec qui le feeling est très bien passé. J’ai conservé mon poste d’enseignant tout en encadrant les jeunes en parallèle. La saison suivante, j’ai signé un contrat à temps plein avec le club. »
LA PLACE DES JEUNES DANS LES ANNÉES 90
« De 1989 à 1999, l’année où je suis parti, de nombreux joueurs comme Bernard Allou, Pascal Nouma, Richard Dutruel, Francis Llacer, Vincent Fernandez, Roméo Calenda, Patrick Mboma, Jérôme Leroy, Pierre Ducrocq, Grégory Paisley, Didier Domi, Edvin Murati, Nicolas Anelka et d’autres encore sont sortis du Centre de Formation du PSG. On a gagné la Coupe Gambardella en 1991 sous la direction de Marc Collat, atteint la finale en 1989 et 1998, et dans un autre club, certains ont pu commencer une carrière pro comme Cédric Elzéard ou bien Djamel Belmadi. »
SA PHILOSOPHIE DE JEU
« Je me suis d’abord appuyé sur le 3-5-2 instauré par Erick Mombaerts lorsqu’il officiait au PSG, puis repris par Marc Collat. L’idée conductrice était celle-ci. J’ai disséqué tous les écrits sur papier d’Erick pour faire progresser techniquement chaque joueur dans sa zone de jeu respective. J’ai également visionné des cassettes VHS sur le jeu pratiqué par l’AC Milan d’Arrigo Sacchi. Je me suis aussi inspiré des méthodes de Christian Gourcuff et de Jean-Claude Suaudeau. Par la suite, j’ai opté pour le 4-4-2 afin de permettre aux jeunes de développer leur culture footballistique. Ma philosophie de jeu a évolué au fil du temps, des rencontres et de mes formations d’entraîneur. La DTN dirigée par Gérard Houllier en collaboration avec le sélectionneur Jean-François Jodar a grandement contribué à faire évoluer la formation des jeunes footballeurs dans les années 90. J’ai également effectué des stages dans des clubs comme le Torino ou bien São Paulo, car j’étais très curieux de découvrir de nouvelles méthodes d’apprentissage. »
SES MEILLEURS SOUVENIRS SUR LE TERRAIN
« Je n’oublierai jamais notre victoire lors du tournoi national de Saint-Brieuc qui était l’une des compétitions les plus relevées du moment. Nous avions montré aux autres clubs français que Paris possédait d’excellents jeunes footballeurs. Je vais forcément citer notre place de finaliste contre l’AS Saint-Étienne en Coupe Gambardella en 1998. La toute première disputée au Stade de France, quelques semaines avant celle de la Coupe du Monde ! Je ne possédais pas l’effectif le plus talentueux, mais mes joueurs formaient en revanche une vraie bande de potes. Ils étaient très intelligents pour faire les efforts ensemble, ce qui nous a permis d’éliminer l’OL sur son terrain en quart de finale, puis Le Havre en demi-finale. Lors de l’ultime match, je revois ce magnifique but inscrit par Leandro Alves devant le kop des supporters parisiens, puis on encaisse un but sur l’action suivante. Malheureusement, la loterie des tirs au but n’a pas tourné en notre faveur. »
Le onze de départ du Paris Saint-Germain lors de la finale de la Coupe Gambardella 1998
SES PLUS BELLES RENCONTRES AU CLUB
« On a bien travaillé, il y avait des hommes de terrain novateurs en termes de formation, aux philosophies de jeu bien précises, tels que Gérard Houllier et Erick Mombaerts juste avant ma venue, puis Paul Jurilli et Gérard Banide. À leur contact, j’ai pu acquérir beaucoup d’expérience au niveau de la formation et de l’entraînement du « jeune joueur ». Artur Jorge, une très belle personne, m’a transmis l’esprit de la gagne, de l’efficacité, sur fond d’une grande culture footballistique. Sans oublier sa très grande connaissance des Arts. »
L’ÉVOLUTION DU CENTRE DE FORMATION
« J’ai connu les premières grandes révolutions au sein du Centre de Formation. Jusqu’au début des années 90, les jeunes étaient logés dans une maison située à Saint-Germain-en-Laye. Il y avait toute une logistique qui n’était pas simple à mettre en place pour planifier les entraînements autour des cours scolaires. Après un intermède à Rueil-Malmaison, les jeunes ont intégré les locaux au Camp des Loges. Le nombre de places s’est accru, la scolarité était dispensée au même endroit, des formations d’éducateur furent proposées, le tout sous la coupe du directeur Thierry Morin. Les terrains d’entraînement ont été rénovés dans la même période, je tire d’ailleurs mon coup de chapeau aux joueurs qui ont connu le terrain stabilisé, celui de rugby et le synthétique première génération ! Nous nous adaptions dans une bonne ambiance tout en travaillant de manière sérieuse et appliquée. »
SA PLUS BELLE ANECDOTE
« En 1991, le frère d’Edvin Murati, un jeune Albanais de 15 ans qui avait fui son pays dans le coffre d’une voiture, est venu toquer à la porte du club pour proposer sa candidature. Gérard Banide m’a demandé de lui faire passer un test. Je lui ai donc trouvé une paire de chaussures et dès le lendemain, Edvin a participé à un match amical contre Trappes. Son talent fut d’une grande évidence. Nous nous sommes empressés de l’aider à obtenir des papiers pour lui permettre de démarrer son aventure à nos côtés. Quatre ans plus tard, il faisait ses débuts en 2e division, prêté à Châteauroux puis Saint-Brieuc, avant de revenir au PSG où il a notamment découvert la Champions League. Avant sa venue, de nombreux joueurs se dirigeaient davantage vers des clubs comme Auxerre, Nantes ou bien Cannes, dont la politique sportive était tournée vers la jeunesse. Jean-Michel Moutier a par la suite structuré la détection des jeunes talents et permis au Centre de Formation d’attirer de nombreux jeunes joueurs talentueux. »
SON XI TYPE FORMÉ AU PSG
« La question la plus compliquée ! Il n’est jamais aisé de comparer les différentes générations de joueurs. Je vais m’appuyer sur les jeunes encadrés lors de mes dix années passées au club. Le gardien de but Vincent Fernandez mérite d’être cité. Défensivement, je vais nommer Didier Angan, Cédric Elzéard, Hervé Cissé, Sylvain Distin, Grégory Paisley, Didier Domi, Fabrice Kelban et Eric Bieme. Au milieu de terrain, j’opte pour Jérôme Leroy, Pierre Ducrocq, Edvin Murati, Nicolas Fabiano et Selim Benachour. En attaque, je choisis Bienvenu Muzinga, Bernard Allou, Djamel Belmadi, Nicolas Anelka et Gaël Hiroux. »
LE TITI DES TITIS
« Assurément Nicolas Anelka. Il était au-dessus de tous les autres. Bien que très vite propulsé chez les pros, il adoptait une attitude irréprochable lorsqu’il revenait évoluer avec les jeunes du Centre de Formation. Je tiens vraiment à souligner cela car beaucoup de choses ont été dites ou écrites à tort le concernant. Un vrai amoureux du jeu qui n’a jamais ménagé ses efforts pour atteindre le plus haut niveau. C’est une grande chance d’avoir pu le côtoyer. Chaque parcours est admirable, car rien n’est jamais simple pour devenir un footballeur professionnel. Des joueurs comme Jérôme Leroy ou bien Djamel Belmadi ont d’abord fréquenté l’Association PSG avant de bifurquer vers le Centre de Formation, ce qui ne les pas empêché de réussir par la suite. Sylvain Distin, qui avait dû stopper la pratique sportive durant une année à cause de problèmes au dos, a réussi une grande carrière en Premier League. Jérôme Leroy était un peu notre Brésilien du Centre de Formation, avec sa technique déroutante. Quant à Vincent Fernandez, il aurait mérité d’évoluer dans un top club. Mais pour en revenir à Nicolas Anelka, il possédait un truc en plus. Tout en haut, il y avait une étoile, c’était lui ! »
WARREN ZAÏRE-EMERY ET LES TITIS ACTUELS
« Les jeunes formés au club suivent exactement le parcours qui était déjà celui de leurs prédécesseurs. Il y a des hauts et parfois des bas. Il faut savoir se montrer patient avec eux, notamment les supporters, car malgré leur talent certain, il ne faut pas vouloir aller trop vite avec leur apprentissage du haut niveau. J’aime beaucoup la gestion de Luis Enrique qui n’hésite pas à leur donner du temps de jeu, tout en les intégrant au bon moment. Un joueur comme Warren Zaïre-Emery rend de belles copies, il n’hésite pas à percuter et marque même des buts. Il dégage une grande confiance en lui, tout en faisant preuve d’une certaine humilité. Le club doit vraiment s’appuyer sur ce type de joueurs profondément amoureux du club car ils s’inscrivent parfaitement dans la mentalité collective que doit posséder une équipe de très haut niveau aux objectifs élevés. »
SON ACTUALITÉ DANS LES CÔTES-D’ARMOR
« Suite au décès de mon épouse il y a deux ans, j’ai quitté l’Île-de-France pour rejoindre notre maison familiale vers Saint-Brieuc, en Bretagne. J’occupe mes journées en entretenant mon terrain, en nageant dans la Manche ou bien en faisant du footing. Je ne passe pas une journée sans faire mes étirements ! Je suis toujours le football avec une grande attention, avec mon regard d’entraîneur. Je ne loupe pas un match du PSG qui restera pour toujours dans mon cœur. Je me rends régulièrement à Paris pour écouter l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Il y a énormément de points communs entre la musique et le sport. J’admire tous ces musiciens qui pratiquent leur art avec une grande passion et de manière collective. Ils ne comptent pas leurs heures de travail pour tenter d’atteindre la perfection. Les jeunes apprentis footballeurs doivent adopter ce même état d’esprit pour réaliser leurs rêves les plus grands ! »
PROFIL :
Date de naissance : 4 octobre 1950
Carrière d’entraîneur : Cadets Nationaux puis U17 Nationaux du Paris Saint-Germain (1989 à 1999), Responsable du Centre de Formation d’Al Wahda Abu Dhabi (1999 à 2001), Sélectionneur des U20 des Émirats Arabes Unis (2001 à 2003), Entraîneur de l’ASEC Mimosas (2004 à 2009), Entraîneur du Stade Tunisien (2009 à 2011), Manager général au Club Africain (2011 à 2012), Entraîneur du MC Alger (2012), Entraîneur de l’EGS Gafsa (2012), Entraîneur du Simba SC (2013), Manager général du Grombalia Sport (2014 à 2015), Entraîneur du Stand United Acacia Gold Mine (2015 à 2018), Manager général de la West African Football Academy (2018 à 2019)
Palmarès avec les jeunes du Paris Saint-Germain : finaliste de la coupe Gambardella (1998)