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Direction le Nord des Pays-Bas pour prendre des nouvelles de l’ex-Titi du PSG Lucas Bernadou (20 ans) qui évolue au FC Emmen (D1), après avoir quitté le PSG en juillet dernier.
Le milieu relayeur né au Chesnay (78) revient en exclusivité pour LTDPSG sur ses premiers pas chez les professionnels, sur son adaptation à l’étranger, mais également sur sa dernière saison vécue au PSG lors de laquelle l’équipe réserve fut supprimée…
Signature au FC Emmen
« A l’issue de mon contrat au PSG, j’ai eu des touches avec des clubs de L2 mais sans réel projet. Des clubs de N1 se sont ensuite manifestés, mais j’ai privilégié une piste menant au FC Emmen, via des agents hollandais qui ont contacté mon représentant. Je n’ai pas hésité une seconde ! Dès ma première discussion avec le coach de l’équipe, Dick Lukkien, j’ai senti que c’était une véritable opportunité pour moi de pouvoir m’entraîner tous les jours au sein d’un groupe de première division. Cette équipe avait réalisé une bonne saison l’an dernier (ndlr : 12e), ce qui a conforté mon choix. Je n’avais aucune garantie de temps de jeu en y allant, mais j’étais convaincu d’y trouver une bonne dynamique de travail. »
Adaptation à l’étranger
« Les premiers mois furent compliqués, car je ne maîtrisais pas la langue locale. Il m’a donc fallu améliorer mon anglais. J’ai pu me rendre compte que je n’ai pas assez travaillé cette langue après avoir obtenu mon Baccalauréat. Heureusement, j’avais un coéquipier belge Sekou Sidibé qui parle français. Il m’a permis de bien m’intégrer au sein de l’équipe et du club. Il a quitté Emmen récemment, c’est dommage. Sinon, j’habite dans mon propre appartement, je suis autonome comme lorsque j’étais au PSG. J’essaye de me cuisiner des plats qui ressemblent à ce que je mange habituellement en France. Mes proches ont eu la possibilité de ne venir qu’à deux reprises, à cause de la crise sanitaire, quant à moi je ne suis que revenu qu’une fois dans ma famille. On communique très régulièrement via FaceTime. Je m’occupe en jouant en à la console, notamment à Fifa21 et Call of Duty. Ca me permet de rester en lien avec mes amis français. Je ne joue jamais avec le joueur qui me représente, c’est une véritable catastrophe ! (rires) La première fois que je me suis vu dans le jeu, ça m’a fait bizarre car j’y joue depuis très jeune, mais ce fut également un grand plaisir car c’est la confirmation que j’étais devenu un joueur pro ! »
Premier contrat pro
« C’est une sorte de rêve qui s’est réalisé. Depuis que je joue au football, j’espérais atteindre cet objectif. Sur le moment, ce fut un immense plaisir, mais très vite je me suis aperçu que ce n’était qu’une simple étape. Il faut tous les jours se battre pour gagner sa place le week-end. Ce n’est plus la même forme de concurrence comme il pouvait y avoir au centre de formation du PSG. Là, je me suis retrouvé propulsé dans un groupe où je ne connaissais personne. »
Premiers pas au club
« Il m’a fallu forcé ma nature un peu introvertie. Avec le temps, j’ai su créer quelque affinités. J’ai toutefois ressenti que mon étiquette de joueur formé au PSG en avait motivé plus d’un pour me passer devant. Certains ont pu se dire que j’étais prétentieux, sous-prétexte que je venais d’un très grand club. Toutes ces fausses idées se sont estompées dans le temps, car j’ai su démontrer de par mes qualités sur le terrain que je méritais d’évoluer à leurs côtés malgré mon jeune âge. Notre coach m’a également permis de bien m’intégrer, il possède le même style de management que Leeroy Echteld, qui m’a dirigé au PSG lors de ma saison en N2. Par contre, il y a énormément d’intensité lors des entraînements, c’est dur mais je progresse ! Sinon, j’ai choisi de porter le n°24 parmi les numéros, le 6 et 8 étant déjà pris. C’est le jour de ma naissance, ça me va ! »
Premier match pro
« Je me suis montré patient tout le début de la saison. J’ai beaucoup attendu pour vivre ce moment… C’était en coupe de Hollande contre le FC Eindhoven (D2). J’étais si heureux en entrant sur la pelouse, une immense fierté ! J’ai pensé pendant une fraction de seconde à toute ma famille et puis très vite je me suis concentré sur ce que j’avais à faire. Je n’ai pas touché énormément de ballons, mais j’ai bien assuré à chaque fois que l’on m’a sollicité. Ce fut l’une de nos rares victoires de la saison en plus… »
Premier but en pro
« Ce fut fort aussi ! Même plus fort que mon premier match… C’était contre le FC Utrecht, juste avant Noël. J’avais déjà tiré sur la barre transversale auparavant, et puis ma seconde tentative a heurté le poteau avant de rentrer au fond des filets. J’ai ressenti une émotion indescriptible. Malheureusement, nous nous sommes inclinés. »
Lanterne rouge
« C’est une saison très compliquée. Nous n’avons sincèrement pas beaucoup de chance. On encaisse des buts sur penaltys ou alors en toute fin de match. Pourtant nous n’avons pas une équipe spécialement inexpérimentée. A ce propos, je fais partie des plus jeunes joueurs de l’effectif. C’est juste que ça ne tourne jamais en notre faveur. On essaye de pratiquer un bon football, mais ça ne suffit pas à ce jour. Il nous faut une victoire pour repartir de plus belle. C’est toujours compliqué de sortir d’une spirale négative. »
Niveau de jeu
« C’est difficile de comparer avec la L1 et la L2 car je n’y ai jamais joué ! (rires) Ici, ça joue vraiment bien au foot. Il y a énormément d’intensité. Ca me rappelle le N2, notamment les équipes réserves des clubs professionnels. Une vraie chance pour moi qui suit un adepte du beau jeu au sol. En mettant les pieds dans un nouveau club, on n’a pas forcément la certitude de s’adapter au jeu proposé. Le staff m’a fait comprendre que j’avais été observé au camp des Loges mais également par vidéo. Je leur ai donc fait confiance. »
Grosses affiches
« Il est vrai que je n’ai pas encore joué contre les meilleures équipes du pays (Ajax, PSV et Feyenoord). Au match aller contre l’Ajax Amsterdam, il était prévu que je joue mais je me suis blessé lors du match précédent. J’ai vraiment hâte de disputer ce genre de matches face à des équipes de niveau européen. Mon premier match en tant que titulaire, je l’ai joué contre l’AZ Alkmaar. C’est une sacrée équipe ! J’ai d’ailleurs pris mon premier carton rouge de ma carrière ! (rires) L’arbitre me l’a accordé sur décision de la Var. Il a été annulé dès le lendemain, après que mon club ait fait appel. J’ai également joué contre le Vitesse Arnhem, on a pris 4-1 le week-end dernier. »
Départ du PSG
« Je ne suis pas spécialement revanchard vis à vis du PSG, mais il est vrai que j’ai vécu une dernière année très compliquée. La promotion 2000 n’a pas été épargnée… La suppression de l’équipe réserve fut très dure à vivre, alors qu’on venait d’obtenir le maintien ! Nous nous étions battus pour nos couleurs. A la suite de cette annonce, nous étions tous choqués car nous n’y étions vraiment pas préparés. Dans la foulée, j’ai appelé ma famille ainsi que mon agent. Je ne réalisais pas ce qui se passait. J’étais plutôt confiant, car je me disais qu’en jouant au PSG ça m’ouvrirait beaucoup de portes…Il en fut tout autrement. A la fin de l’été 2019, je me suis retrouvé seul sans club, en compagnie de Moussa Sissako (ndlr : aujourd’hui au Standard de Liège). Nous étions revenus dans le groupe U19. J’avais comme un sentiment de honte, une impression d’être rétrogradé alors que j’évoluais en équipe réserve. J’ai dû me remettre au travail, tout en disputant quelques matches de Youth League, de Premier League Cup mais aussi de N3 avec les amateurs du club. Ce fut très dur à vivre, mais je ne me suis jamais découragé bien que mon téléphone ne sonnait plus… Heureusement ma famille m’a soutenu. Mes ex-coéquipiers m’ont également encouragé. Je ne me suis jamais dit que c’était mort ! J’ai gardé espoir en me disant que ce n’était juste que partie remise. J’ai bossé comme jamais, j’ai redoublé d’efforts en salle de sport. Mes frères ont tout fait pour m’aider à entretenir ma forme. Ca a fini par payer… »
Passion pour le PSG
« Je n’ai jamais été un grand fan du PSG. Mon équipe favorite depuis tout jeune, c’est les Girondins de Bordeaux ! J’ai été marqué par le titre de 2009 obtenu avec Chamakh, Cavenaghi et surtout Gourcuff. J’avais été bluffé par son but inscrit lors du (3-0) infligé face au PSG. Il avait cassé les reins de Sammy Traoré ! (rires) Tous mes coéquipiers du PSG ont toujours su que j’avais un faible pour cette équipe. C’est peut-être venu de mon père qui est supporter des Girondins. Dorénavant je supporte Yacine (Adli) ! (rires) Mais petit à petit, j’ai appris à aimer le PSG. Je me suis de plus en plus identifié à ses valeurs. Dorénavant, je suis tout le temps ses résultats sans forcément en être un grand supporter. »
Le PSG vu de Hollande
« On me questionne tout le temps sur Neymar et Mbappé ! Pas une semaine où l’on ne me demande pas comment c’était avec eux… Le PSG est perçu comme un club du Top 5 européen. C’est clair et net ! Les matches français ne sont pas retransmis sur les chaînes hollandaises. Ils aiment le foot allemand, anglais, ainsi que le Barça et le Real. »
Les jeunes au PSG
« Franchement, j’ai du mal à croire que les jeunes du club auront la possibilité de jouer régulièrement. Un joueur comme Timothée Pembélé a réalisé de belles prestations, il ne joue plus, c’est vraiment dommage. Je l’aime bien ce petit ! Il mérite d’être revu. Le PSG a toujours formé de bons jeunes, c’est à se demander si les coachs ne font pas toujours ce qu’ils voudraient ? »
Souvenirs au PSG
« Je n’oublierai jamais notre titre de champion de France U17, acquis sous la coupe de Laurent Huard en 2017. Nous avions battu l’AS Monaco en finale. J’avais plusieurs amis en face, qui furent mes coéquipiers lors de mes jeunes années passées à l’INF Clairefontaine. Un match particulier à plus d’un titre ! C’était fabuleux car c’était la récompense de notre travail fourni sur toute une année. La récompense de tout un groupe qui avait également remporté la coupe de Paris en U15. Comment ne pas penser à mes quelques entraînements effectués avec le groupe pro ? Neymar, Mbappé, et surtout Verratti ! Impossible de lui prendre la balle, c’est lui qui m’a le plus impressionné. Un sacré joueur, croyez-moi ! Lors des oppositions internes, on se rendait compte que ça jouait extrêmement vite. Je me remémore également la vie au centre avec tous mes potes. Nous étions H24 ensemble, que de souvenirs ! De sacrées parties de rigolade, notamment en cours ce qui ne m’a pas empêché de décrocher mon BAC ES. D’ailleurs, ce fut de plus en plus difficile d’assurer à l’école, en parallèle de la charge de travail physique qu’il fallait pour être au top sur le terrain. Les maths en option m’ont sauvé ! »
Covid-19
« En Hollande, nous avons un couvre-feu à 21h. Ce qui n’a pas plu à la population, notamment à celle basée à Amsterdam. Des images d’incidents ont d’ailleurs été diffusées en France. Emmen se trouve à 2h de la capitale, au Nord du pays. C’est beaucoup plus tranquille. Ce qui manque le plus, c’est notre public. On possède un petit stade, mais les groupes de supporters sont très fanatiques. Je vous invite à aller voir des vidéos sur internet. J’ai hâte de les voir revenir au stade, car je n’ai pas encore eu l’occasion de jouer devant eux ! Un fan qui est un français vivant ici me fait parvenir tous les articles des journaux locaux où l’on parle de moi. Rien que pour cet état d’esprit, j’aimerais pouvoir remporter des matches à domicile et ainsi obtenir notre maintien ! »