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Pour faire suite aux 50 interviews des anciens Titis formés au PSG, réalisées lors du confinement du au COVID-19, LTDPSG vous propose de retrouver chaque semaine un ancien formateur passé par la maison Rouge & Bleu.
Pour débuter cette série, nous avons pris contact avec Cédric Cattenoy qui a encadré pendant 15 ans les jeunes du PSG. Il occupe depuis 2016 le poste de Directeur de l’Académie du Chicago Fire FC, club de la MLS aux USA.
Son confinement du au COVID-19
« Cela se passe bien à Chicago, ma famille et moi sommes en bonne santé. Nous n’avons pas le droit de nous plaindre. Nous sommes toujours confinés mais avec des mesures beaucoup moins strictes qu’en France. Nous avons la possibilité de nous déplacer sans avoir à montrer une quelconque autorisation. Pour cet entretien avec LTDPSG, je me suis posé dans un parc sans le moindre souci.
Le gouverneur de l’Illinois a décidé que la scolarité ne reprendrait pas avant septembre mais des cours en ligne ont été mis en place dès le début du confinement. Il faut dire que les américains sont en avance sur le plan technologique.
Professionnellement, nous sommes en télétravail depuis la mi-mars. Tous les jours, on se réunit avec le staff technique pour travailler sur des différentes thématiques (évaluation du joueur, modélisation du projet de jeu…) qui nous permettent de réfléchir ensemble en partageant nos idées. Notre objectif est de revenir en étant encore meilleurs sur le terrain pour encadrer nos joueurs.
Durant cette période, notre priorité est de garder du lien avec nos joueurs et leurs familles. Les coaches font un travail remarquable dans ce sens. Chaque éducateur a un entretien individuel hebdomadaire avec chacun de ses joueurs et organise 3 fois par semaine des séances vidéo par ligne (défenseurs, milieux, attaquants). En plus, tous les samedis, les joueurs reçoivent un programme hebdomadaire d’entretien qui comprend des challenges techniques et physiques à réaliser. Les résultats obtenus donnent lieu à des classements par groupe ou entre les groupes, ce qui permet aux joueurs de conserver de la motivation et l’envie de progresser.
Dans cette délicate période, on se rend compte que le club prend vraiment soin de tous ses salariés. Chaque semaine, plusieurs ateliers vidéo sont mis en place pour conserver et renforcer les contacts entre les personnes des différents services. Et malgré la situation, le propriétaire a maintenu l’intégralité des salaires et fait preuve d’un optimisme contagieux. »
Les raisons de son départ aux USA
« J’avais en tête un projet de vie. Depuis tout jeune, je voulais vivre une expérience à l’étranger pour connaitre une nouvelle culture. Au PSG, j’ai eu la chance de vivre une fabuleuse expérience qui m’a permis de me construire en tant que formateur et de voyager dans le monde entier mais quelque chose me manquait.
Alors en 2016, je me suis convaincu qu’à 45 ans c’était le moment ou jamais pour tenter l’aventure ! J’ai été sollicité par plusieurs clubs, dont Chicago Fire FC. Mes premiers contacts avec le president m’ont convaincu du projet sportif car nous partagions la même vision du développement des jeunes footballeurs. J’ai donc accepté le challenge et rejoint le club en aout 2016. »
Son adaptation aux USA
« Il s’agit de ma 4e saison à la tête de l’Académie du Chicago Fire FC. Les deux premières, j’ai vécu seul à Chicago car avant d’embarquer ma famille dans cette aventure, je voulais être certain que j’allais vraiment me plaire dans ce nouvel environnement professionnel et culturel.
Ce fut une période difficile à vivre même si j’avais la chance de pouvoir rentrer régulièrement. Alors, en février 2018, lorsque le Paris FC m’a sollicité pour diriger son centre de Formation, j’ai vraiment failli rentrer. Mais comme la durée du contrat proposée n’était pas suffisante, j’ai rapidement décliné l’offre et décidé de rester à Chicago.
Finalement 6 mois plus tard, ma famille m’a rejoint et tout se passe pour le mieux depuis maintenant 2 ans. Ce n’est pas rien de changer de pays ! C’est un grand saut dans l’inconnu… Notamment vis à vis de la langue. Dorénavant chacun d’entre nous est bilingue. »
Son avis sur la ville de Chicago
« Chicago est une superbe ville située au bord du lac Michigan. C’est une ville sportive qui possède un club de football américain (Bears), 2 clubs de Baseball (Cubs and White Sox), un club de hockey (Black Hawks) et un club de football (Chicago Fire FC).
Chicago est reconnue pour son architecture et sa culture dans laquelle il fait bon vivre. Il y a aussi des quartiers dangereux dans lesquels il faut éviter de se rendre mais comme cela est partout dans le monde. Les gens sont cools ! Quand je reviens sur Paris et que je conduis ou prends les transports en commun, je vois tout de suite la différence ! »
Le projet de formation au Chicago Fire
« L’objectif est de construire une académie performante qui soit en mesure de produire chaque année des joueurs talentueux pour notre équipe première. C’est un projet ambitieux qui demande du temps et je suis venu avec cette volonté de bâtir sur du long terme.
En arrivant, j’ai d’abord constitué un staff, avec les entraîneurs déjà en place et de nouveaux éducateurs recrutés après avoir été évalués lors d’entretien et animation de séances. Puis, j’ai présenté le projet de jeu et la méthodologie d’entrainement auxquels les coachs ont adhéré ce qui a facilité la mise en place des fondations du projet. Nos principes de jeu sont nos repères dans lesquels les joueurs doivent être libres de prendre leurs décisions pour s’adapter aux situations de jeu.
Nous avons un style de jeu basé sur la possession du ballon car nous voulons gagner en ayant le contrôle du match. Sans doute que mes 15 années passées au PSG m’influencent toujours (Rires).
Nous insistons beaucoup sur le fait que le football est un jeu qui doit apporter du plaisir aux joueurs qu’ils le pratiquent, aux éducateurs qu’ils l’enseignent et aux personnes qu’ils le regardent.
Dans notre académie, bien jouer est une priorité car nous sommes persuadés que l’on a plus de chance de gagner en jouant bien. Notre approche est particulière car aux USA gagner est plus important que tout…
Aujourd’hui, nos équipes de jeunes ont une identité de jeu reconnaissable. C’est le fruit d’un travail de 3 ans avec des joueurs et des éducateurs qui adhèrent au même projet collectif. »
Le recrutement des jeunes
« En fonction de notre projet de jeu, nous avons défini les qualités (tactiques, techniques, athlétiques et mentales) que nous souhaitions avoir pour chaque position. Nous avons donc une idée précise du profil de joueur que nous recherchons
Chicago est la troisième ville des US avec un bassin de population d’environ 11 millions d’habitants. Il y a beaucoup de clubs et de nombreuses ligues. Notre recrutement se déroule en 3 étapes : observation des matches, évaluation à travers journées de détection, puis rencontre des familles pour présenter notre projet de formation.
Nous devons être vigilants avec nos joueurs car le joueur américain est libre tant qu’il n’a pas signé de contrat « homegrown » et les clubs formateurs ne sont pas protégés. Dans les grands évènements type playoff, il y a de nombreux recruteurs venus d’Europe pour observer les matchs. C’est pourquoi plusieurs jeunes américains ont rejoint dernièrement des clubs européens avant même de signer pro dans leur club formateur, à l’image de Giovanni Reyna (né en 2002) qui vient de NYCFC et qui joue maintenant au Borussia Dortmund.
Le football change ici aussi. Par exemple lorsque nous avons fait signer pro cinq de nos jeunes en février dernier, ils sont tous venus accompagnés d’un agent. Tout cela n’existait pas lorsque je suis arrivé ! »
Le niveau des jeunes
« A Paris il y a de très bons jeunes. La région parisienne regorge de talents ! Quand je suis arrivé à Chicago, on m’a dit qu’il y avait de supers joueurs…Moi, je débarquais avec mon œil parisien, j’ai dû l’adapter ! (Rires).
On ne peut pas comparer mais dans chacune de nos équipes, nous avons quelques bons joueurs qui peuvent avoir un avenir au plus haut niveau.
L’avantage avec la France est que nos joueurs ont une mentalité différente. Ici ils ne baissent pas les bras facilement, ils ne lâchent jamais rien ! C’est dans la culture américaine ! Le parfait exemple pour moi est le 8e de finale du Mondial U20 il y a un an. La France s’est faite éliminée par les USA. Le talent était du côté français mais la mentalité des américains a fait la différence. »
La scolarité des joueurs
« Les jeunes suivent leurs cours tous les jours jusqu’à 15h00, puis viennent au club pour s’entraîner. Nous avons réussi à rassembler nos U17 toute la journée du mardi. Ils ont la possibilité de participer à deux séances d’entraînement, entre deux temps d’études. Elles sont basées sur du développement spécifique.
D’ici l’année prochaine, nous espérons avoir notre propre école. Ainsi nous aurons plus de flexibilité pour gérer la charge de vie des joueurs. Même si nous n’avons pas la mainmise sur l’école, nous réalisons un suivi à chaque semestre. Ça nous permet d’avoir une approche globale de chaque jeune. Il y a trois projets en un : le joueur, le jeune et l’élève. »
Ses projets pour l’Académie du Chicago Fire
« Le club est en train de grandir car notre propriétaire est ambitieux. Un directeur sportif et un directeur technique ont été recrutés pour professionnaliser le club. D’ici deux ans, nous devrions avoir un nouveau centre d’entrainement qui nous permettra de travailler dans de meilleures conditions.
En attendant nous allons créer notre propre école et compléter nos staff afin de mettre en place le meilleur parcours de formation pour nos joueurs.
En trois ans, 8 joueurs de l’académie ont signé leur premier contrat professionnel. C’est encourageant et cela prouve que le club croit en son centre de formation. »
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