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Direction la Lituanie pour prendre des nouvelles de l’ex-Titi David N’Gog (31 ans) qui évolue au FK Zalgiris Vilnius depuis février 2020.
L’attaquant né à Gennevilliers (92) revient en exclusivité pour LTDPSG sur ses 7 années passées au PSG (2001 à 2008), mais également sur son passage chez les Reds de Liverpool.
Confinement dû au COVID-19
« Je suis à Vilnius, la capitale de la Lituanie. Je suis arrivé au sein du FK Zalgiris Vilnius (D1) en février dernier. Je n’ai eu le temps de jouer que deux rencontres avec ma nouvelle avant l’arrêt des compétitions. Je jouais en Hongrie auparavant (ndlr : 14 buts en 37 matches avec le Budapest Honved FC, d’août 2018 à janvier 2020). A Vilnius, le confinement est beaucoup moins strict qu’en France. Les parcs et les forêts restent accessibles. Je peux donc m’entretenir physiquement tous les jours, tout en profitant de ma famille. Actuellement, il fait 10 degrés. La semaine passée, il est tombé de la neige ! Mes activités se concentrent surtout auprès de mes deux fils âgés de 3 ans et 10 mois. Le seul réel changement est de ne plus aller à l’entraînement. »
Ses grands moments vécus au PSG
« Il y en a tellement ! Le premier qui me vient à l’esprit est bien évidemment notre titre de champions de France U18 en 2006. Une récompense pour notre bande de potes ! On vivait ensemble depuis tant d’années, tout simplement fabuleux. Ensuite, je citerais la victoire lors de la finale de la Coupe de Ligue en 2008. Même si je n’ai pas joué le match du titre (ndlr : 2-1 contre le RC Lens), j’avais participé au parcours en marquant notamment deux buts. Il s’agissait de mon premier titre chez les professionnels, ça marque forcément, qui plus est avec mon club formateur ! Il y a eu des moments compliqués aussi, comme le maintien du club acquis lors de la toute dernière journée de championnat (ndlr : le 17 mai 2008, un doublé d’Amara Diané permet au PSG de s’imposer 2-1 et de se maintenir en L1). C’est d’ailleurs après cette rencontre que j’ai quitté le club (ndlr : 25 apparitions chez les pros, 3 buts), tout en étant rassuré de voir le PSG toujours en L1. »
La place des jeunes au PSG à son époque
« Déjà à mon époque, intégrer le groupe professionnel n’était pas évident. Pas beaucoup de jeunes avaient signé un contrat professionnel les années précédentes. J’étais arrivé au PSG à l’âge de 12 ans, en provenance de Franconville où j’avais tapé mes premiers ballons dès l’âge de 6 ans. Ayant toujours vécu en région parisienne, c’est au PSG que j’espérais réaliser mon rêve de devenir footballeur professionnel. En juin 2006, j’ai signé mon premier contrat d’une durée de trois ans. Qu’est-ce que j’avais de plus que les autres ? Ce n’est pas à moi de le dire. Une chose est certaine, mes coéquipiers, mes formateurs, mes coachs et ma famille ont forcément tous joué un rôle prépondérant dans ma réussite. J’ai d’ailleurs une pensée pour Alain Cayzac (Président), Alain Roche (Directeur Sportif), David Bechkoura, Mourad Mouhoubi, Cédric Cattenoy, François Gil, Jean-Luc Vasseur, François Gil, Laurent Fournier…Je n’avais pas forcément un itinéraire de défini, mais grâce à eux j’ai pu progresser au quotidien. Et puis j’ai aussi eu la chance que Guy Lacombe (coach de l’équipe pro) porte un réel intérêt envers le centre de Formation du PSG… »
Ses premiers entraînements avec les pros
« Un jour, comme à mon habitude je me rends au centre d’entraînement des jeunes. Le coach David Bechkoura m’appelle dans son bureau et m’informe que Laurent Fournier désire un attaquant pour compléter son effectif lors d’une trêve internationale. Là, la pression est au maximum ! (rires) Toutes les émotions se mélangent, le stress, la joie, l’envie d’être performant…Le groupe professionnel m’a bien intégré, à l’image de Pedro Miguel Pauleta. Un Monsieur ! Il a toujours été proche des jeunes du centre pour les conseiller et les encourager. J’ai tout fait pour rester moi-même (ndlr : il est âgé de 16 ans), tout en gérant mes émotions. Il faut croire que c’était l’une des clés, en plus d’être bon sur la pelouse. »
Son premier match avec les pros
« C’est Guy Lacombe qui me lance en L1, contre Bordeaux (ndlr : le 18 novembre 2006. Je rentre en début de seconde période, malheureusement on perd (0-2) ce match au Parc des Princes. Assurément l’une de mes plus grandes émotions vécues dans ma carrière ! Tout petit j’y allais…Là, j’étais sur la pelouse en portant ce maillot mythique ! Je venais de la banlieue parisienne, ce stade était si cher à mon coeur. Il y avait ma famille et mes copains dans les tribunes. Mais plus que le match en lui-même, c’est mon retour au centre de Formation qui m’a marqué. Quand je suis revenu tous mes coéquipiers m’ont bombardé de questions en tout genre ! (rires) Je prenais du plaisir à leur partager toutes mes émotions, tout en gardant les pieds sur terre. Il ne s’agissait pas d’un aboutissement, j’étais conscient qu’il fallait encore bosser. »
Son premier but avec les pros
« C’était en Coupe de la Ligue à Lorient. J’ai inscrit un doublé ! Un sentiment incroyable ! A mon poste d’attaquant, on est jugé par les buts que l’on marque. Cette performance a valorisé mon travail. En plus, nous nous étions imposés (ndlr : victoire 3-0, le 26 septembre 2007). Pour l’anecdote, je n’ai jamais marqué au Parc des Princes… J’ai marqué qu’un seul but avec le PSG en L1, c’était à Nice. (ndlr : défaite 2-1, le 25 novembre 2007)«
Son état d’esprit à ses débuts pros
« Mon éducation reçue par mes parents a été primordiale pour m’intégrer durablement chez les pros. Le discours de mes formateurs également. La méthode de Mourad Mouhoubi m’a vraiment marqué : « Ne jamais se satisfaire de ce que l’on a obtenu ». J’ai donc toujours veillé à ne pas me reposer sur mes acquis. J’ai toujours gardé cela tout au long de ma carrière. Alors oui, parfois il faut savoir en profiter également. Mais j’ai fait en sorte de rester humble. Je savais que tous mes partenaires du centre de Formation désiraient connaître le même sort. Je ne voulais donc pas éveiller la moindre jalousie. Au contraire, je n’avais qu’une hâte à savoir que certains d’entre-eux puissent me rejoindre ! Et puis le temps passe et chacun trace son chemin. »
Valenciennes FC-PSG et les Titis
« Le 20 octobre 2007 ! Comment ne pas oublier ce match si particulier pour tous les jeunes du centre de Formation… Les résultats sont moyens, Paul Le Guen décide alors de convoquer les Titis en nombre : Mamadou Sakho, Loris Arnaud, Granddi Ngoyi, Younousse Sankharé, et moi. On est tous titulaires ! Une surprise pour le grand public ou la presse, mais pas tellement pour nous car nous étions préparés. On s’entraînait tous les jours pour vivre cela ! Si le coach avait fait appel à nous, c’est que nous avions les qualités pour jouer en pro. Les médias en ont fait toute une histoire, en voulant monter les anciens contre les jeunes. L’essentiel étaient d’être à la hauteur. Nous avions faim ! On se connaissait bien, il n’y avait rien de magique ! Il y avait des automatismes entre nous qui ont permis à l’équipe d’obtenir un bon nul (0-0) face à une équipe qui n’était pas mauvaise à cette époque. Ce match a permis au centre d’être mis en avant, il a eu un effet déclencheur pour la suite. »
Les raisons de son départ du PSG
« A la fin de la saison 2008, je n’ai pas senti un discours du staff franc et direct. Il y avait comme une hésitation quant à mon statut dans le groupe. C’était du genre : « On va voir. » Moi, j’étais partant pour rester dans mon club formateur ! Je n’avais pas de souci particulier. Puis est arrivée l’offre du Liverpool FC…Une parmi d’autres, mais celle-ci je l’ai prise avec grand intérêt. Mon père qui s’occupait de mes intérêts, a pris conseil auprès d’agents de métier. Après réflexion, j’ai souhaité tenter ma chance dans un nouveau championnat, un nouveau pays, de découvrir autre chose. J’avais besoin de sortir d’un cadre confortable, de me mettre en danger pour progresser, car lorsqu’on signe pro au PSG, l’un des dangers peut être celui de s’y endormir. »
Ses débuts au Liverpool FC
« Le premier mot qui me vient à l’esprit : communion ! Les joueurs et les supporters ne font qu’un ! L’ambiance y est totalement différente de ce qui existe en France. Tous les gens sont respectueux. Quand je me promenais en ville, les gens avaient toujours un mot gentil, sans me sauter dessus. Ils ont une compréhension de notre métier. L’ambiance qui règne autour du LFC est familiale. Même dans les moments difficiles, bien qu’il y en ait peu, les supporters sont toujours là à encourager positivement. C’est culturel ! J’avais 19 ans quand j’y ai signé. Dans les vestiaires, je ne me suis jamais arrêté sur le statut de mes coéquipiers…OK, il y avait Steven Gerrard, Javier Mascherano, Fernando Torres, Xabi Alonso, Robbie Keane, et bien d’autres ! Bien que j’étais encore en mode « formation », je venais quand même du PSG qui n’était pas un petit club. J’étais concentré pour gagner ma place. Je mangeais foot, je dormais foot, et à l’entraînement je donnais tout. Ca se passe comme ça au haut niveau ! C’est ainsi que j’ai gagné le respect de mes coéquipiers. Ca s’est vraiment bien passé, pourtant je ne parlais pas un mot d’anglais ! (rires) Mais le foot a un langage universel. En plus, il y avait des francophones, comme Charles Itandje, Damien Plessis et Nabil El Zhar, qui ont facilité mon intégration. Le club avait également tout mis en place pour que j’avance dans les meilleures conditions possibles. Que cela soit les cuisiniers, le kitman (ndlr : responsable des équipements), la personne à la logistique pour m’aider à trouver un appartement…Ils ont tout fait pour que je m’adapte très rapidement à la vie anglaise ! »
Son grand moment avec Liverpool
« Mon but inscrit à Anfield Road contre le Manchester Utd (ndlr : victoire 2-0, le 25 octobre 2009) de Giggs, Scholes, Van Der Sar, Owen, Ferdinand… Je marque à la dernière minute face au Kop, après être entré en jeu quelques minutes auparavant ! Ca n’a aucun équivalent ! J’avais deux potes dans les tribunes, un moment inoubliable ! »
Son départ de Liverpool
« Je suis venu à Liverpool par l’intermédiaire de Rafaël Benitez. Il est parti au bout de deux ans. Roy Hodgson puis Kenny Dalglish lui ont succédé. Il y avait moins de continuité vis à vis de mon projet initial. Dans le foot, tout va vite… J’ai un peu moins joué. J’étais moins à l’aise, même si le respect était mutuel. J’ai donc décidé de partir, tout simplement parce que j’avais besoin de jouer. Nous avons trouvé un accord à l’amiable. J’ai rejoint Bolton à l’été 2011 (ndlr : après 93 matches pour les Reds et 19 buts inscrits) »
Sept clubs depuis 2011
« Mon expérience avec Bolton s’est plutôt bien déroulée (ndlr : 91 rencontres, 16 buts), puis j’ai régulièrement changé de clubs. Les raisons sont simples : mes performances n’ont pas plu, des clubs changeant d’entraîneur, des blessures (ndlr : rupture ligaments croisés en avril 2017). La réalité d’une carrière de footballeur professionnel ! Je fais tout mon nécessaire pour être performant au quotidien, mais ce n’est pas toujours évident. Une autre raison explique mon instabilité à savoir l’envie de découvrir d’autres cultures. Avec ma femme nous sommes jeunes, nos enfants sont encore en bas âges, on profite tant qu’on peut le faire. Avec du recul, je me dis que si j’avais été parfois plus au front « en montrant les dents », j’aurais peut-être joué davantage. Changer de club n’a pas que des avantages, car les déménagements engendrent beaucoup de choses (ndlr : hébergement, voiture, école…). »
Son expérience au Stade de Reims
« J’ai joué à Reims de 2014 à 2016 (ndlr : 10 buts en 48 matches), sous la coupe de Jean-Luc Vasseur puis Olivier Guégan. Nous étions plusieurs anciens Titis du PSG : Gaëtan Charbonnier, Antoine Conte, Valentin Roberge, Chris Mavinga et moi-même. Le club revenait de loin, avec ses moyens du bord. On a oeuvré sur l’énergie, ce qui restait sensible. Il y a eu quelques tensions en interne qui n’ont pas aidé. J’étais venu à Reims pour me recentrer sur le jeu, mais le contexte n’a pas facilité les choses. Je voulais vraiment aider le club grâce à mon expérience. Ca s’est conclue par une relégation en L2. Pour en revenir à Jean-Luc Vasseur, il a subi beaucoup de critiques. Pourtant, je peux affirmer que c’est un bon coach, très humain, et ça c’est très important pour être souligné ! Je n’ai ensuite pas eu de contact avec d’autres clubs français. J’ai donc accepté des offres qui venaient… »
Sa saison 2019/2020
« J’ai plutôt été performant en Hongrie (ndlr : 15 buts en 49 matches), avec également une finale de coupe Nationale malheureusement perdue. J’ai rejoint le FK Zalgiris Vilnius en février dernier. C’est un club historique du pays, avec un palmarès très fourni. Je profite de chaque moment, je ne calcule rien, on verra bien ce qu’il se passera par la suite. Je profite de ma famille au quotidien. »
L’image du PSG à l’étranger
« L’image du club est désormais internationale, je le constate partout où je passe ! Les gens admirent les grands joueurs comme Neymar, Mbappé, Di Maria, mais ils associent aussi le PSG a un club qui dépensent beaucoup mais sans de grands résultats…Par contre, Paris est perçue comme une très belle ville, avec un beau stade, ça attire toujours ! Quand j’étais à Liverpool, les anglais avaient un côté un peu égocentrique. En dehors de la Premier League, il n’y avait rien d’autre ! (rires) Dix ans après, c’est peut-être différent. Avec les différentes confrontations face au PSG, ils ont pu voir que le PSG est dans le top du top dorénavant. »
Son amour pour le PSG
« Le PSG est et restera mon club de coeur à vie ! Je m’identifie peut-être moins car je n’y connais plus personne. Le projet des Qataris n’est pas facile à mettre en place, mais ils apprennent d’années en années. La Ligue des Champions est tellement aléatoire ! Personne ne peut prédire qui peut la remporter ! Alors qu’un championnat de L1…Tout dépend du tirage au sort, des joueurs clés blessés ou non, c’est difficile de faire des calculs. Si Liverpool a remporté la Ligue des Champions l’an dernier, c’est très certainement dû à la continuité qui règne d’une saison sur l’autre dans ce club. Cette équipe ne surjoue jamais. Elle joue avec la même intensité à domicile comme à l’extérieur. Elle prépare tous ses matches de la même manière. Il y a une certaine tranquillité autour des rencontres, pas de pression de la part de la presse ou de l’entourage. Beaucoup de membres du staff sont d’anciens Reds, ils amènent de la sérénité. Le PSG n’en est pas loin, espérons que cela vienne prochainement ! »
La suppression de l’équipe CFA du PSG
« J’ai suivi cela à distance. J’avais d’ailleurs voulu m’entraîner avec cette équipe il y a quelques années pour me refaire une santé, mais le staff avait changé, ça n’avait pas pu se faire. A titre personnel, je trouve important que chaque équipe possède une réserve. Certains joueurs n’ont pas besoin d’y jouer pour aller en pro, mais d’autres oui. Ce n’était pas un championnat facile ! C’était très physique, face à des joueurs d’expérience bien souvent passés par des CFA de clubs pros. C’est le choix des dirigeants, ils devaient sûrement avoir leurs raisons ! »
Son mot de la fin
« Il s’agit de ma seconde interview pour LTDPSG. La première fut celle à mes tous débuts chez les pros, il s’agissait d’ailleurs de ma toute première interview ! Ca ne s’oublie pas comme ça. L’Association des Titis a sacrément bien travaillé, un grand coup de chapeau ! Toujours là après tant d’années, tout simplement respect. Le site m’a permis de resté informé en permanence sur l’évolution des Titis. Je profite de ce moment pour adresser quelques conseils aux Titis actuels, sans aucune prétention : restez vous même, ne cherchez pas à imiter qui que ce soit. Chacun fera son chemin, certains réussiront et d’autres pas c’est ainsi. Ouvrez-vous l’esprit, il n’y a pas que le football dans la vie ! Ne soyez pas prisonnier d’internet, avec toutes ces distractions qui parfois peuvent être néfastes. Allez au bout de vos rêves, tout en étant bien entourés. Ne changez pas de personnalité et d’entourage du jour au lendemain sous prétexte que le succès s’offre à vous. Une carrière est longue, il faut prendre le temps d’en assurer les bases. Pour clore, quand on voit 70% de l’équipe de France originaire de la banlieue parisienne, je me demande pourquoi le PSG n’a pas son équipe professionnelle telle quelle ? Anormal… »
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