Publié le 11 avril 2020

Direction l’Angleterre pour prendre des nouvelles de l’ex-Titi Yakou Meïté (24 ans) qui évolue à Reading depuis juillet 2016.

L’attaquant né à Paris revient en exclusivité pour LTDPSG sur sa saison actuelle, mais également son amour éternel pour son club formateur.

Confinement dû au COVID-19

« Je suis resté en Angleterre, à Reading, avec ma femme et mon fils âgé de 6 mois. C’est sincèrement compliqué à vivre pour le footballeur que je suis ! Je sors très peu, juste pour mon footing quotidien et pour aller faire les courses. Je suis le programme concocté par mon club. Nous avons des fiches sur internet pour la musculation. Quand mon fils était tout bébé, ce n’était pas évident quand je rentrais des entraînements. Dorénavant, nous avons trouvé le bon rythme ! »

Sa saison au Reading FC

« Avant le confinement, elle se passait plutôt bien car j’ai inscrit 12 buts (ndlr : en 36 apparitions ttc). Dommage que le virus soit apparu, ça gâche un peut tout. Mais je ne m’en préoccupe pas trop, car la santé avant toute chose ! Il faut que l’on puisse tous reprendre dans de bonnes conditions. Le football n’est pas le plus important dans le contexte actuel. J’espère que toutes les personnes contaminées seront guéries. »

La saison de son équipe

« On occupe le milieu de tableau (ndlr : 14e/24 équipes, au sein de la League Championship, équivalent L2). En début de saison, nous avons recruté pas mal de nouveaux joueurs. Il a fallu un temps d’adaptation. Initialement, nous visions les playoffs, mais finalement il s’agit d’une saison de transition. Ce n’est pas encore tout à fait perdu pour se qualifier, même si ça sera compliqué. Ca reste frustrant quand même, car on joue toujours pour gagner ! »

Sa vie en Angleterre

« Je suis totalement intégré à la vie de mon club. Je m’y sens très bien. Il y a une bonne entente avec mes coéquipiers, le staff et également les fans. C’est un rêve pour tout joueur de jouer en Angleterre ! J’imagine que jouer en Premier League, ça doit être exceptionnel à vivre. Quand je vois la ferveur qui règne en Championship pour des matches joués en semaine ou bien en plein mois de décembre…Les stades sont toujours remplis. Je peux le dire, l’Angleterre possède le meilleur championnat du monde. »

Sa progression dans le jeu

« Même si j’ai pas mal joué dès mon arrivée en 2016 (ndlr : 15 matches ttc), il me restait pas mal de choses à améliorer car je sortais de ma formation au PSG. La saison suivante, mon prêt au FC Sochaux m’a énormément apporté. J’avais le statut d’un joueur important pour l’équipe. Ca m’a donné confiance en moi. J’ai pu avoir beaucoup de temps de jeu (ndlr : 36 matches ttc). A mon retour en Angleterre, je suis revenu avec de meilleures dispositions et j’ai gagné ma place de suite car j’ai pu progresser dans tous les domaines. »

Le PSG vu d’Angleterre

« Le PSG est très suivi quand il joue en Ligue des Champions. Mbappé et Neymar attirent la curiosité. Les anglais voient le PSG comme un favori pour le titre. Surtout après le match contre Dortmund. Par contre la L1 n’est pas diffusée ca rils estiment que le niveau est trop faible. »

Les Titis au PSG

« Si le PSG continue d’empiler les grands joueurs tels que Di Maria, Neymar, Mbappé, pour ne citer qu’eux, il n’y a aura pas de place pour la formation chez les pros. A moins d’être un crack ! Thomas Tuchel avait l’habitude de faire jouer les jeunes à Dortmund. Il essaye de le faire au PSG, mais on s’aperçoit que les places valent très chères dans cette équipe ! »

La suppression de la réserve

« La case CFA est la plus importante. Là, ça va devenir plus compliqué pour les jeunes de se frayer un chemin vers les pros. Je ne dis pas que ca sera impossible, mais il faudra être un crack ! Jouer en CFA (ndlr : 45 matches) m’a permis de m’aguerrir, face à des équipes plus matures et sur des terrains parfois compliqués. Dans une carrière, on ne joue pas tous nos matches sur une pelouse digne de celle du Parc des Princes ! Nous avons dû aller au charbon parfois pour remporter nos matches, c’était compliqué, mais une vraie bonne chose pour gagner en expérience. C’était en quelque sorte la conclusion de notre formation. Dorénavant le PSG va miser sur ses U19 car les plus grandes échéances sont dans cette catégorie d’âges avec l’UEFA Youth League et la Gambardella. C’est un choix. »

Sa philosophie d’un crack

« Si je dois en citer un, je dirais Kingsley (Coman). Sauf que le PSG n’aurait jamais dû le laisser partir ! Un crack, il a quelque chose d’inné, un truc qu’il a en plus dès le début. Là où les autres doivent travailler davantage pour l’acquérir, que cela soit dans la lecture du jeu, l’exécution, tu le sens direct. Moi, je n’en étais pas un. J’ai du travailler dur pour progresser et gagner ma place chaque année. Je me souviens que David Bechkoura (ndlr : son coach en CFA, saison 2014/2015) m’avait dit qu’il était convaincu j’y arriverai étape par étape. J’ai toujours fait mon boulot avec détermination, en écoutant et respectant les consignes. Mais j’étais loin d’être un crack, ce qui ne m’a pas empêché de devenir footballeur professionnel. Dans ma génération, c’était surtout un joueur comme Hervin Ongenda (ndlr : promotion 95) qui était un crack. Aujourd’hui, j’ai tout de même fait mon bout de chemin. Mais pour percer au PSG, si tu n’es pas un crack… »

Ses meilleurs moments au PSG

« Rien que d’en parler, je me dis : « Ah oui quand même ! ». Je retiens ma formation en globalité. A la base, je n’étais pas un crack dans la promotion 96. Les matches en tant que remplaçant avec la promotion 94 m’ont servi d’apprentissage. Puis j’ai disputé la Al Kass International Cup avec les 95, ainsi que la Youth League et la Gambardella. On m’a de nouveau utilisé en Youth League avec la génération 97-98. A bonnes doses de travail, j’ai toujours joué dans toutes les catégories d’âges. Jusqu’à me retrouver à entrer en jeu en L1 avec l’équipe pro…Je ne vais pas dire que j’aurais pu rêver mieux car bien évidemment j’aurais aimé jouer davantage avec les pros, mais sur le plan de la formation je suis extrêmement satisfait de ce que j’ai accompli. Je ne regrette pas d’avoir été formé au PSG ! J’ai pu rester proche de ma famille et être bien encadré. J’ai côtoyé de très grands joueurs, rien que d’en parler ça m’émerveille encore ! Un joueur comme Zlatan (Ibrahimovic), je ne le voyais qu’à la TV…Puis par la suite de ma chambre au CFA…Et au final, j’ai joué avec lui ! J’ai même participé à deux pré-saisons avec l’équipe pro. Impressionnant pour le jeune que j’étais ! En janvier 2017, j’ai affronté Manchester Utd en FA Cup. Zlatan n’a pas joué mais il m’a reconnu ! Ca m’a tellement touché. Même avec Sochaux lorsque j’ai affronté le PSG (ndlr : en coupe de France en février 2018), tous les joueurs ne m’avaient pas oublié. Alors forcément ça marque, je me dis que j’ai quand même laissé une trace au club. »

Son rapport au foot

« Quand tu deviens joueur professionnel, les choses changent forcément car tu n’es payé que pour ça. Tu sais pertinemment qu’on attend de toi d’être à la hauteur des objectifs. La pression est donc différente de celle d’un centre de Formation où tu es en apprentissage. Même si parfois tu n’as pas trop envie d’aller courir pendant le confinement et bien la passion est plus forte que tout. Elle te rappelle à l’ordre ! Alors oui, il est vrai que mon rapport au foot a changé, mais c’est surtout le contexte dans lequel tu évolues. Les délires que j’ai connu avec mes potes je ne pourrais plus jamais les connaître dans n’importe quel autre club. On vivait tous ensemble de la préformation à la formation. Même si nous n’étions pas toujours H24 ensemble, on se suivait les uns et les autres. Ca restera, c’est marqué à vie ! Ici en Angleterre, j’ai conservé ma façon d’être. Je ne change pas ! Je ne vais pas me renfermer sur moi-même, au contraire je ne suis pas le dernier pour faire des blagues ou bien imposer ma musique dans le vestiaire ! »

Ses ambitions à 24 ans

« Tout joueur de football veut évoluer au plus haut niveau possible. Je vais donc donner mon maximum pour réaliser mes rêves. En fonction de ems performances sur le terrain et de mes statistiques, on verra bien là où se me mène ! Quand tu es bon, les meilleurs clubs viennent te chercher. »

Son mot de la fin

« Déjà je tiens à remercier grandement Nyto et son concept LTDPSG. Ca fait longtemps mais alors longtemps que vous me suivez ! Même avant que je signe au PSG, vous étiez là pour les jeunes du club. On a tous grandi avec LTDPSG. LTDPSG nous a permis d’être mis dans la lumière à une époque où les jeunes du club étaient dans l’obscurité. Même lorsqu’on disputait l’UEFA Youth League, nous n’avions pas autant de médiatisation que ce dont peuvent bénéficier les Titis actuels. Tant mieux pour eux ! Nous pour se faire connaître, on s’est construit avec nos armes, nos cris de guerre après les victoires, mais aussi et surtout grâce à notre façon de jouer. Pour clore notre entretien, je souhaite adresser un message à toutes celles et ceux qui me liront, leur dire que la situation actuelle n’est pas à prendre à la légère car ce n’est pas un jeu. Il ne faut pas attendre qu’un membre de notre famille soit contaminé pour agir convenablement. Pensez aux autres personnes en ne sortant que pour le strict minimum, comme je peux le faire pour mes courses au magasin ou mon footing. Sur ce, je souhaite une bonne santé à toutes et tous. »

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