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Direction la Thaïlande pour prendre des nouvelles de l’ex-Titi Yannick Boli (32 ans) qui évolue au Ratchaburi FC depuis janvier 2019.
L’attaquant né à St-Maur-Des-Faussés (94) revient en exclusivité pour LTDPSG sur son actuelle aventure asiatique, mais également sur ses grands moments vécus au PSG.
Confinement dû au COVID-19
« Je suis rentré en France, dans la région de Metz. Ce fut compliqué avec le Président de mon club, il n’était pas trop enthousiaste à l’idée de laisser partir ses joueurs étrangers. Par peur que nous revenions avec le virus ! Ce fut un peu galère, mais finalement on a pu rejoindre nos familles respectives. Ca faisait des années que je n’avais pas passé autant de temps auprès des miens ! C’est le bon côté des choses… En plus c’est la première fois qu’il fait beau quand je rentre ! D’habitude je reviens soit en décembre ou en janvier. Je peux vraiment en profiter avec mes deux enfants. Nous avons la chance d’avoir une maison avec un grand jardin. Je peux ainsi m’entretenir pour maintenir ma forme. Je possède le matériel nécessaire, une véritable aide. Mais bon, jouer avec mes enfants est plus important, il n’y a pas que le foot ! Ca permet de penser à autre chose, ça faIt du bien. Les journées sont malgré tout bien remplies ! »
Son expérience en MLS
« Lorsque j’ai signé aux Colorado Rapids début 2018, j’étais en pleine période de réhabilitation, car j’avais été blessé au genou. Quand j’ai repris la compétition, j’avais encore des douleurs. Mes coéquipiers avaient déjà 4-5 matches dans les jambes. Je n’ai pas pu bénéficier d’une préparation physique adéquate. Les résultats n’étaient pas là, on m’a directement demandé d’apporter un réel plus à l’équipe ! J’ai fait ce que j’ai pu (ndlr : 2 buts en 17 apparitions), mais ça ne l’a pas fait avec le coach…Il me demandait des choses qui ne correspondait pas du tout à mon style de jeu, ça a clashé entre nous. Il m’a écarté de l’équipe. Ma saison fut ratée…J’ai tout de même appris de cette expérience. C’est le foot ! Le club m’a tout de même proposé de rester pour la saison suivante, mais il était hors de question que je continue sous la coupe du même coach. J’ai eu des propositions, notamment d’un club chinois relégué en D2, avec de bonnes conditions financières mais je recherchais un projet où le cadre de vie permettait à ma famille de s’y sentir bien. »
Sa saison au Ratchaburi FC
« La saison dernière, j’ai marqué 14 buts en 25 matches de championnat (ndlr : 5e meilleur buteur). Avant le confinement, j’en ai marqué 3 en 4 matches. L’an passé, nous avions terminé 8e sur 16 équipes, et avions été battus en finale de la coupe Nationale. Cette année, nous sommes 2e à égalité de points avec le leader. Nous démarrons mieux le championnat car nous avons recruté des joueurs d’expérience comme Steeven Langil et Lossémy Karaboué. Marco Simone est notre coach. Il est arrivé en mars 2019. Il a mis de l’ordre dans la maison, avec une grande rigueur tactique. Notre équipe est plus costaud, nous espérons jouer le titre. Le football Thaïlandais est très techniques. Les joueurs n’ont pas de très grands gabarits. Le niveau est correct, surtout avec l’arrivée massive de joueurs étrangers. Lorsque je jouais en Chine (ndlr : février 2017 à mars 2018), les matches étaient plus intenses car les joueurs locaux galopaient dans tous les sens ! Ils étaient beaucoup plus hargneux. »
Ses expériences à l’étranger
« Après les USA, j’avais envie de jouer au soleil. Je voulais un cadre idéal pour ma famille comme je disais précédemment. Là pour le coup, difficile de trouver mieux. C’est magnifique ! Quand il m’arrive d’avoir 2-3 jours de repos, nous en profitons pour visiter des lieux paradisiaques de la Thaïlande. Mais nous ne sommes pas réellement chez nous et ça commence à peser. Par contre, toutes ces expériences nous ont permis d’enrichir notre culture, d’apprendre des langues, de découvrir des tas de choses…Voilà pourquoi j’encourage les jeunes à ne pas avoir peur de tenter l’aventure ! Le football est dorénavant « mondial » et je sais la chance que j’ai de vivre cela. Alors oui, quand on veut prendre des news de la famille par téléphone, il y a un grand décalage horaires ! (rires) Mais depuis le début de l’année, mes enfants sont restés en France avec ma femme. Nous souhaitions qu’ils intègrent le système scolaire français. »
Le PSG vu en Asie
« Le PSG est devenu une vraie marque internationale ! Ici, c’est fou ! Ils portent tous le dernier maillot. Dès que Mbappé marquent des buts, on m’interpelle pour me dire si j’ai vu ce qu’a réalisé « Kylian » ! Ils sont à fond ! En Europe, le PSG vend des maillots, mais alors en Asie c’est impressionnant. J’essaye de voir les grands matches du PSG, notamment en Ligue des Champions. Ici il faut se lever à 3-4 heures du matin pour voir en live. Par contre, je suis défoncé pour l’entraînement le lendemain ! (rires) Mais obligé, je regarde les grosses affiches. Avec du recul, c’est quand même frustrant ce virus, car le PSG pouvait vraiment aller au bout cette année. Si le foot reprend, il faut espérer que l’élan ne soit pas cassé. On va bien voir ce que va décider la FIFA. »
Les Titis au PSG
« Il ne faut pas se le cacher, ça va être de plus en plus dur pour un jeune d’intégrer le groupe professionnel du PSG. Il y en aura toujours quelques-uns qui vont jouer quelques matches, mais delà à s’imposer je n’y crois pas vraiment. A moins d’avoir un vrai projet, comme a pu l’avoir Adrien Rabiot. Il a intégré le groupe professionnel, puis a été prêté, pour ensuite s’imposer au PSG. Le vivier est en Ile-de-France, ça c’est une certitude. Il n’y a pas besoin d’aller chercher des jeunes à l’étranger ! Maintenant pour s’imposer dans le PSG actuel, il faut avoir un niveau au-dessus de la moyenne. Lyon y arrive très bien avec ses jeunes joueurs, alors pourquoi pas le PSG ? Ils peuvent mixer des jeunes avec les galactiques ! Avoir supprimé l’équipe réserve du PSG est une décision très surprenante, voire bizarre…Si à mon époque la CFA avait été supprimée, je n’aurais jamais signé pro au PSG. »
Ses meilleurs moments au PSG
« Le titre de champion de France U18 en 2006 sous la coupe de David Bechkoura. Nous avions tellement travaillé durement ! Il nous avait transmis un état d’esprit de guerrier. Ils nous avaient bien fait comprendre que nous allions récolter ce que nous allions semer. Ca a marché ! Nous étions une vraie bande de potes. Nous avons vraiment cru au projet. Une folle année ! C’est un truc qu’on a tous vécus ensemble, on ne nous l’enlèvera jamais. On a beau jouer aux quatre coins du monde, dès qu’on en parle entre nous ça reste très émouvant. Inoubliable ! Mes premiers pas chez les pros resteront à jamais gravés dans ma mémoire. En plus, nous étions plusieurs Titis…Clem’ (Chantôme), David (N’Gog), Mamad’ (Sakho), Younousse (Sankharé)…Nous nous serrions les coudes, car nous partions dans l’inconnu ! Quand je me remémore tout ça, je prends conscience que le temps passe vite. »
Ses regrets avec le PSG
« Une carrière dépend de beaucoup de paramètres. Il faut déjà avoir un bon entourage. Avec du recul, je me dis que j’ai fait certains mauvais choix. C’est la vie, c’est comme ça ! Moi, j’avais signé un contrat de 5 ans. J’ai alterné avec les pros et la réserve, puis avec un prêt au Havre AC. A l’époque, il y avait déjà un certain confort au PSG. Il y avait aussi des paillettes ! C’est une fois que tu joues ailleurs que tu t’aperçois qu’il te manque des choses sur l’aspect physique notamment. Au Havre, ce fut compliqué car je n’avais pas appris à défendre. Jouer devant 20 000 personnes procure une forme de pression toute autre que lorsqu’on joue en U19 au PSG. Donc je conseille aux jeunes du club de bien réfléchir à leur plan de carrière. Tout ne passe pas forcément par le PSG…La trajectoire d’Adrien Rabiot le prouve, avec son prêt au Toulouse FC. »
Ses ambitions à 32 ans
« J’aimerais bien me poser, après cette saison…Un retour en France ? A l’étranger ? On verra bien ! Je travaille sur des projets en parallèle. J’ai la fibre entrepreneuriale. Cela fait 8 mois que j’ai constitué une petite équipe, avec laquelle nous travaillons sur un grand projet. Nous espérons que cela va marcher. Pour le foot, je recherche de la stabilité dorénavant. Nous verrons à l’issue de cette saison. »
Son mot de la fin
« J’espère que la Ligue des Champions reprendra et que le PSG la gagnera ! Ca fait des années qu’on attend ça. A l’étranger, on n’arrête pas de se faire chambrer, ce n’est pas facile à vivre ! (rires) Pour une fois qu’on se disait tous que c’était la bonne année, il a fallu que ce virus intervienne… »