[Revue de Presse-Anciens] Aboubakari : « Pour les Comores, disputer la CAN est quelque chose d’exceptionnel » (Ouest France)

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L’ex-Titi du PSG Nakibou Aboubakari, international comorien du FC Sète et ancien du Stade Briochin et d’En Avant Guingamp, a accepté pour Ouest France de faire vivre de l’intérieur la première Coupe d’Afrique des Nations des Comores. Première chronique où il évoque son lien avec les Cœlacanthes et sa fierté de disputer la CAN 2022 avec la 132e nation mondiale et archipels de 870 000 habitants.

Pour cette première chronique, Nakibou Aboubakari raconte le lien avec son pays, la sélection mais aussi la fierté de disputer en tant qu’Africain la plus grosse compétition continentale et de représenter tout un peuple.

Episode 1 : « J’ai encore un peu de mal à réaliser »

« Ça y est, nous sommes arrivés dans la nuit de dimanche à lundi à 3 heures du matin en Arabie Saoudite pour notre stage d’avant Coupe d’Afrique des Nations (les Comores y disputeront deux matches amicaux contre la Côte d’Ivoire et le Malawi le 31 décembre et le 4 janvier) avant de rejoindre le Cameroun (où se disputera la CAN). »

Le choix de Sète pour faire la CAN

« C’est toujours une fierté de représenter son pays. Ça a été un choix naturel de porter le maillot des Cœlacanthes car mes deux parents sont Comoriens. La première fois que j’ai été appelé, j’étais encore au centre de formation à l’En Avant Guingamp et j’ai répondu présent sans hésiter. Cet été, quand j’ai quitté le Stade Briochin, je n’ai pas signé dans certains clubs en raison de la CAN. Je voulais absolument la disputer. Avec Sète, on s’était mis d’accord là-dessus dès le départ. Je n’ai pas eu de problèmes par rapport à ça, heureusement, car je sais que certains joueurs peuvent en rencontrer. »

« J’ai appris ma sélection pour la CAN par mail trois jours avant la sortie de la liste (le 23 décembre). Je ne sais plus exactement ce que je faisais. Mais je me rappelle que j’étais chez ma belle-famille en Bretagne. J’étais bien évidemment très content d’y participer mais c’était surtout mes proches qui étaient heureux. Et j’étais content de rendre fier mes parents, c’est ce que l’on veut tous. De mon côté, j’ai encore un peu de mal à réaliser même si j’ai reçu beaucoup de messages. Petit à petit, en approchant de la compétition, je réaliserai un peu plus. Déjà, en retrouvant les coéquipiers, on rentre un peu plus dans le vrai. »

Privé d’une immersion aux Comores

« Je suis le premier de ma famille à être né en France. Mes grands frères et sœurs sont nés et ont grandi aux Comores. J’ai grandi en région parisienne. Quand j’étais jeune, je me rendais souvent aux Comores pendant les vacances. Depuis que j’ai 18 ans, c’est plus difficile. J’aimerais y retourner plus souvent mais je n’ai pas forcément le temps avec le foot. »

« Les seules fois où j’y retourne ce sont avec la sélection. On aurait dû d’ailleurs y aller trois jours (du 23 au 26 décembre) avant de partir en stage en Arabie Saoudite : retrouver les Comoriens, faire le tour des quatre îles, être reçu au palais présidentiel. Malheureusement, avec le Covid-19 et pour éviter des cas dans la sélection, nous n’y avons pas été. C’est dommage parce que la dernière fois que je m’y suis rendu c’était justement lors de la qualification pour la CAN (lors du nul 0-0 contre le Togo le 25 mars 2021). C’était une vraie fête. Et voir les gens heureux, nous soutenir, c’était très fort. Je pense que ça l’aurait été encore plus cette fois-ci. »

« Pour les Comores, disputer la CAN est quelque chose d’exceptionnel. La sélection n’a été créée qu’en 2005 (en réalité en 1979 mais reconnue par la FIFA seulement en 2005) et nous ne sommes qu’un million d’habitants (870 000 en 2020). Réussir à avoir autant de bons joueurs est presque un exploit. Pour nous, la CAN est une grande compétition où nous pouvons affronter de grands joueurs. Il y a quatre ans, je disputais la CAN dans mon quartier à Garges. Je vais disputer la vraie. Pour en avoir discuté avec des amis Maliens, Sénégalais qui l’ont déjà joué, la CAN c’est de la passion, des gens qui dansent, chantent partout. Cette année ce sera probablement différent à cause du Covid. On ne sait pas trop à quoi d’attendre ni si nos supporters pourront faire le déplacement d’ailleurs. Mais j’ai hâte que la compétition commence. »