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Luis Fernandez, directeur sportif du centre de formation du PSG entre 2017 et 2018, est « en colère ». L’entraîneur qui a remporté la Coupe des coupes avec Paris en 1996 ne comprend pas et désapprouve la vente de très nombreux jeunes « Titis » cet été, en équipe première (Diaby, Nkunku, Nsoki, Weah…) et au centre de formation (Zagre, Nya, Providence, Guclu…). Le sujet lui tient tellement à cœur qu’il a contacté Le Parisien pour préciser son propos.
Quel regard portez-vous sur les nombreux départs de joueurs formés au club cet été ?
« Je suis un peu triste, parce que quand on regarde les autres grands clubs, ils font de la formation. Zidane a prêté Reguilon, il ne l’a pas vendu. Et quand Marco Llorente est vendu, c’est pour 30 millions d’euros. Beaucoup de nos jeunes ont été transférés par rapport au fair-play financier. Je connais Dagba, Zagre, comme Nsoki (NDLR : vendu à Nice), Diaby (NDLR : transféré à Leverkusen) ou Claudio Gomes (NDLR : prêté au PSV Eindhoven par Manchester City), que j’aurais pu réussir à retenir… Je ne sais pas quel est le but de cette politique. Zagre, on aura l’occasion de reparler de ses qualités dans le futur. Les jeunes, on s’en débarrasse. »
Il y a une clause de rachat pour Zagre, malgré tout…
« Ces jeunes n’ont pas fini leur formation. On m’a envoyé discuter avec Orléans pour qu’il devienne un club satellite. Pourquoi est-ce qu’on ne l’a pas fait ? C’est quoi la politique ? Je ne comprends rien, alors qu’on a un vivier extraordinaire en région parisienne. Ce n’est même pas la peine de se battre avec les autres clubs, il y a des joueurs pour tout le monde. C’est le travail que fait Pierre Reynaud (NDLR : responsable du recrutement en Ile-de-France) depuis des années. »
La formation n’est plus mise en avant, à vos yeux ?
« Ce n’est plus une priorité. On verra bien les conséquences. La réserve a été supprimée pour des raisons que je n’ai pas comprises. On se débarrasse des jeunes, on n’en veut plus. Je suis parti il y a un petit moment parce que je n’étais pas d’accord avec Antero Henrique. Ensuite, cet été, Leonardo m’a appelé et m’a dit qu’il n’y avait pas de place pour moi. Je vois que c’est pour avoir le terrain un peu plus libre. »
Selon vous, il y a une vraie cassure entre les pros et la formation ?
« Il faut rapprocher ce que je dis des déclarations de Thiago Motta. Il avait expliqué que Thomas Tuchel n’avait jamais discuté avec lui. Il n’est pas venu me voir non plus. Aujourd’hui, Guclu est parti à Rennes, Postolachi à Lille. Certains sont partis gratuitement, comme Ballo-Touré il y a deux ans. Et Ikoné (NDLR : vendu 5 M€ à Lille en 2018)? Il est international aujourd’hui. C’est quand même assez surprenant tous ces joueurs qu’on a laissés partir. Vous me donnez ces joueurs-là, je les emmène en Ligue des champions, avec Mike Maignan dans les buts et Alphonse Areola. Et Innocent? Il ne pouvait pas être troisième gardien. Ou Sébastien Cibois ? On a préféré recruter un troisième gardien polonais à Chelsea. Il y a de quoi s’interroger. Comme j’ai eu l’occasion de le dire au Portugais (NDLR : Antero Henrique) : « Le business, tu le fais avec les grands, pas avec les petits. » Avec les petits, tu ne peux pas t’amuser. »
D’où vient cette colère ?
« Certains vont dire que c’est parce que je ne suis plus au club. Ce n’est pas question de réclamer une place. Je ne peux pas cautionner certaines pratiques. Certains joueurs ont été déstabilisés, on leur a suggéré de venir avec certains agents. Ce sont des méthodes qui ne sont pas belles. Plus globalement, il n’y a pas la volonté de faire revenir les anciens de ce club. J’en ai proposé plusieurs, comme Fabrice Abriel ou Grégory Paisley. On me l’a refusé. Le seul qui est là, c’est Vincent Guérin, comme adjoint de Stéphane Roche, qui vient de Lyon. C’est quoi l’identité de notre club ? Je suis mécontent. Quand je vois tout ce qui a été fait avec les jeunes, tout le temps passé, ça me révolte. »
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