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Cet été, à la surprise générale, l’ancien milieu de terrain du PSG Yohan Cabaye est revenu au club pour devenir le nouveau coordinateur sportif du centre de formation. Invité dans 100% PSG le Mag sur France Bleu Paris, il s’est exprimé pour la toute première fois sur son nouveau rôle en rouge et bleu. Extraits.
Aujourd’hui, quand vous côtoyez les jeunes du centre de formation du PSG, vous arrive-t-il de repenser à vos années de formation ? Ce que ces jeunes vivent résonne-t-il en vous ?
« Oui, bien sûr. Tout ce qu’ils peuvent vivre, joies comme peines, je l’ai forcément plus ou moins vécu moi aussi, il y a plus de quinze ans. Même si le foot évolue, il y a des choses qui restent. C’est vrai que parfois, quand je croise certains jeunes, je peux imaginer ce qu’ils peuvent ressentir. Et c’est vrai que pour moi, c’est beaucoup plus facile pour pouvoir discuter avec eux. »
Quand vous sortez du centre de formation du LOSC, vous intégrez l’équipe première et vous vous imposez très rapidement. Est-ce que ce serait possible, aujourd’hui, pour un jeune du PSG ?
« C’est vrai que j’ai eu un parcours assez top dans le sens où j’ai enchaîné mon premier match quasiment dans la foulée de mon arrivée dans le groupe professionnel, pour ne plus jamais quitter le groupe. Après, j’ai beaucoup travaillé pour pouvoir essayer de rester le plus possible dans l’équipe. Parce que sans travail, malgré le talent ou le potentiel, à un moment, ça s’arrête. Et le mur, on n’arrive pas le franchir. «
« Mais au PSG, oui, c’est possible. C’est possible. On a toujours tendance à dire que les portes sont fermées, qu’il n’y a pas d’issue au club pour les jeunes. Mais je pars du principe que la vérité sort du terrain. Le joueur qui sera bon sur le terrain, il aura toujours les opportunités pour pouvoir s’exprimer. Et en tout cas, la formation au Paris Saint-Germain est vraiment de très grande qualité. Je pense qu’on peut le voir. Et surtout, il y a eu beaucoup de jeunes qui ont été intégrés [au groupe pro] au début de la saison, donc je pense que c’est un signe aussi des ambitions du club par rapport à la formation. »
Vous qui parlez bien l’anglais, peut-on dire que le PSG et vous, you had unfinished business [que l’histoire n’était pas terminée] ? Vous êtes parti sans réaliser complètement ce que vous vouliez. Finalement, ce n’est peut-être pas totalement un hasard que vous reveniez au club aujourd’hui ?
« Dans la vie, il n’y a pas de hasard. J’ai toujours cet état d’esprit. Et c’est vrai que j’ai toujours gardé des liens forts avec le président [Nasser al-Khelaïfi]. C’est une personne que j’estime énormément et pour qui j’ai beaucoup de respect. Pour l’homme, mais surtout pour le président qu’il est. Il est visionnaire. Avoir toutes les responsabilités qu’il a et pouvoir toutes les tenir de front, c’est vraiment quelque chose d’énorme. Donc malgré le fait que sur le terrain, ça ne s’est pas passé comme je l’espérais, je pense que mon caractère, ma façon d’être et ma façon aussi, peut-être, de voir le foot, ont laissé un bon souvenir. En tout cas, je prends ça comme une belle marque de confiance. »
En février dernier, vous annoncez sur Twitter la fin de votre carrière dans un message très touchant, où l’on sent vraiment votre amour et votre passion pour le football. Qui a eu l’idée de vous faire venir au centre de formation du Paris Saint-Germain comme coordinateur sportif ?
« C’est vrai que j’ai annoncé la fin de ma carrière en février dernier. Et quelques jours ou quelques semaines après, j’ai reçu un appel de Leonardo qui demandait à me rencontrer pour me proposer le projet. J’ai été très content de la proposition, on s’est vu et on s’est mis d’accord très rapidement parce que mon but était de rester impliqué dans le monde du foot. »
Cette nouvelle a surpris tous les observateurs du club. Avez-vous été surpris, vous aussi ?
« Ça n’a pas été une surprise dans le sens où j’ai toujours voulu rester impliqué dans le monde du foot, mais surtout à un poste dans une direction. Ca changera peut-être un jour mais aujourd’hui, je ne suis pas attiré par le banc de touche. Je préfère rester proche d’une équipe en étant impliqué dans un projet sportif, mais avec une position un peu plus reculée, pour pouvoir manager un peu en retrait. »
En début de saison, nous avons reçu Anthony Vivien, le président de l’association Les Titis du PSG. Voilà ce qu’il nous a dit de vos premiers mois au centre de formation du PSG :
« On n’en entend que du bien. Je le vois de mes propres yeux. On sent un nouveau vent, un nouveau souffle. Une zen attitude. Et ça travaille très bien. Il prend le temps en gentleman, un peu à la David Beckham. Il observe, il écoute, que ce soit les parents ou les coaches. Il est présent pendant les réunions. Il tranche parfois lorsqu’il faut prendre une décision. Mais d’un point de vue technique, pour l’instant, il laisse carte blanche aux coaches qui sont déjà en place et il est plus là pour apporter des leviers, pour que les gens s’entendent bien ».
Alors, Yohan Cabaye, ça fait plaisir, non ?
« Ça fait plaisir, bien sûr. Bien sûr que ça fait plaisir. Il est exact. Il est parfait. Parce que c’est vrai que pour moi, le rapport humain est primordial si on veut une réussite. Aujourd’hui, on est tous dirigés par une mission commune : sortir le plus de joueurs possible du centre de formation. »
De les sortir au Paris Saint-Germain, ou ailleurs ?…
« L’objectif, en priorité, c’est de les sortir au Paris Saint-Germain. Ça, c’est sûr. Et à partir du moment où on n’oublie pas que le cœur du projet, c’est le joueur, je pense qu’on peut faire de très, très bonnes choses tous ensemble. Il y a vraiment des staffs de très grande qualité, avec une grande expérience. Et moi, je suis là aussi pour amener mon expérience. Mais comme je l’ai dit, c’est le rapport humain qui est au centre, et aussi de savoir tirer le meilleur de toutes les personnes, avec tous les mêmes valeurs. Et ça, c’est pour moi très, très important. »
Quand vous arrivez au centre de formation, des articles sont publiés sur le sujet. Mais on sent que les journalistes n’ont pas beaucoup d’infos, notamment sur l’intitulé de votre poste. Certains journaux annoncent que vous êtes directeur technique. Finalement, le Paris Saint-Germain indique que vous êtes coordinateur sportif. Quels sont les contours exacts de votre mission au PSG ?
« Comme le nom du poste l’indique, je m’occupe en priorité de la partie sportive : la relation avec les coaches et les joueurs pour les effectifs le week-end, faire le lien entre la direction sportive chez les professionnels et chez nous, au centre de formation, définir et mettre en place un recrutement avec le responsable du recrutement et avec la direction sportive sur les jeunes joueurs qu’on souhaite toucher… Et aussi garantir un gros lien avec les familles. Parce que pour moi, elles sont parties prenantes du projet du joueur. C’est important d’avoir un socle familial solide. Je m’attache donc à essayer de garder un lien très, très proche avec les parents qui souhaitent échanger. »
Au PSG comme dans d’autres clubs, il a pu y avoir des situations un peu explosives avec certains entourages de jeunes joueurs. Aurez-vous aussi parfois à mettre une casquette de démineur, pour que les choses se passent bien entre les entourages, voire éventuellement les agents, les jeunes joueurs et le club ?
« Oui. Je n’aurai pas peur de le faire à partir du moment où ça met en péril le projet du joueur au sein du club, et où ça le met en difficulté dans sa progression. Bien sûr qu’à un moment, il faut intervenir. Parce que le plus important, c’est le joueur. Et à partir du moment où on met des bâtons dans les roues du joueur, rendant sa progression plus rapide pour x raisons, qui pour moi relèvent simplement d’un point de vue financier, ça ne sera pas intéressant pour le joueur et forcément, il ne se développera pas. Et il n’arrivera pas là où il mériterait d’être. C’est important de toujours respecter, mais d’être honnête avec tout le monde et de ne jamais rien promettre. Donc, à partir du moment où ça peut être compromettant pour le joueur au niveau du club, oui. Intervenir et dire que ce n’est pas forcément la bonne solution, je peux le faire. Et je le ferai. »
On entend souvent dire que l’Ile de France est le plus grand vivier de footballeurs au monde, avec le bassin de Rio de Janeiro. Comment les trouvez-vous, nos Titis franciliens ?
« C’est vrai qu’il y a un vivier immense. Tellement immense que quasiment 98 ou 99 % des joueurs du centre de formation et de préformation sont issus de la région Ile-de-France. Pour nous, au club, c’est un avantage parce qu’il y a une identité régionale qui est vraiment forte. Ça permet de pouvoir faire grandir les joueurs et qu’ils puissent s’identifier aux valeurs du club encore plus facilement. »
En 2019, les jeunes du centre de formation ont vécu un traumatisme, lorsque l’équipe réserve a été supprimée du jour au lendemain. Quel regard portez-vous sur cette suppression ? L’équipe réserve reviendra-t-elle un jour ?
« Je ne sais pas. Il ne faut jamais dire jamais. Cette décision a été prise par l’ancienne direction sportive. Mais c’est comme ça, il ne faut pas se morfondre et rester négatif par rapport à ça. Aujourd’hui, on a quand même une équipe de National 3 au club. Il ne faut pas l’oublier [l’équipe sénior de l’Association PSG]. Et cette équipe, il faut la valoriser, parce qu’elle joue quand même dans le cinquième championnat national, dans lequel elle est très bien classée. Ça nous arrive de faire jouer des joueurs issus du groupe professionnel avec la N3. Et peut-être qu’à l’avenir, il se peut aussi que quelques joueurs du groupe des U19 intègrent sur certaines rencontres le groupe N3 pour pouvoir se frotter au monde et au football d’adultes. Donc, malgré le fait que la National 2 ait été supprimée à l’époque, on arrive à trouver des solutions. Notamment en valorisant cette équipe de National 3 qui dépend de l’Association, et avec qui on a créé une très bonne collaboration. Avec Carlos [De Vasconcelos], son coach, mais aussi avec Thibaut Karsenty, son manager général, et Cédric Bouchet, son coordinateur sportif. On est vraiment très proches et on arrive à faire de bonnes choses. »
Justement, puisque vous parlez des coaches… Dites-nous un mot sur votre entente avec Zoumana Camara, qui est donc votre ancien coéquipier au PSG et qui, aujourd’hui, a pris la tête des U19 du centre de formation ?
« L’entente est très bonne. On s’est connu en club mais on a aussi beaucoup joué l’un contre l’autre. Il y a toujours eu un immense respect et là, ça continue. Papus a vraiment de grandes qualités, en tant que coach et en tant que manager. Il arrive à bien fédérer son groupe. Il arrive surtout à trouver des solutions tactiques à certaines rencontres, qui permettent de pouvoir l’emporter. Et je trouve vraiment très intéressant le début de saison [des U19]. On est premiers et toujours en course pour la qualification en Youth League. Donc c’est vraiment très, très intéressant. Et notre relation est fluide. Que ce soit avec lui ou avec le staff, c’est vraiment top. Chaque jour, c’est vraiment passionnant pour moi. Et chaque jour est aussi différent, le matin, quand j’arrive au Camp des Loges. Donc la relation avec Papus est hyper bonne, comme ma relation avec tous les coaches d’ailleurs, et avec Jean-François Pien, le directeur du centre de formation, et Frank Bentolila, son directeur administratif. Voilà, toutes les relations sont bonnes et c’est super agréable le matin quand je vais travailler ! »
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